La définition par l’UNESCO du patrimoine immatériel (ou culturel) s’est élargie au fil des années. La notion ne se réduit plus aux seuls monuments et collections d’objets mais englobe les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ainsi que les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel.

Le respect de ce patrimoine est essentiel à l’heure de l’arasement des différences culturelles par la mondialisation.

L’importance du patrimoine culturel immatériel ne réside pas tant dans la manifestation culturelle elle-même que dans la richesse des connaissances et du savoir-faire qu’il transmet d’une génération à une autre.

Hérité du passé, le patrimoine culturel est aussi actuel et vivant.

Le patrimoine culturel est en effet une création permanente, à partir d’expressions culturelles partagées par d’autres groupes humains, importées, adoptées et adaptées par un groupe humain spécifique, ici Mulhouse. Ces expressions culturelles ont été transmises de génération en génération, elles ont évolué en réaction à leur environnement et elles contribuent à nous procurer un sentiment d’identité et de continuité, établissant un lien entre notre passé et, à travers le présent, notre futur. Il contribue à la cohésion sociale, stimulant un sentiment d’identité et de responsabilité qui aide les individus à se sentir partie d’une ou plusieurs communautés et de la société au sens large. 

La singularité de Mulhouse se nourrit et s’inspire de ses multiples patrimoines

Le patrimoine se définissant de façon générale comme un legs des générations passées à transmettre aux générations à venir, le patrimoine urbain mulhousien se confond largement, mais non totalement, avec le cadre spatial quotidien et familier vécu par nos contemporains.

Le patrimoine immatériel à Mulhouse

Toute ville dispose d’une personnalité propre ; Mulhouse a la sienne, singulière par rapport à la France et à l’Alsace, région dont la culture particulière est fermement enracinée dans sa langue, ses traditions, ses mythes et son histoire.

Le Système Patrimonial Mulhousien permet d’appréhender la personnalité de Mulhouse, en donnant à voir les influences culturelles venues d’ailleurs et la connexion entre les différentes briques culturelles.

En effet, le patrimoine immatériel ne se pose pas la question, fausse, de la spécificité ou de la non-spécificité de certaines pratiques par rapport à une culture, mais met à jour la combinatoire particulière réalisée par un groupe humain des éléments culturels à disposition de tous.

Le patrimoine immatériel mulhousien, fort de ses traditions, fêtes et commémorations, de ses institutions et associations culturelles et religieuses, de ses récits de soi appuyés sur des personnages et des symboles, contribue à fabriquer un sentiment d’appartenance.

Pourtant, le processus permanent de mutation du patrimoine culturel rend illusoire et non pertinent un inventaire figé des patrimoines culturels de Mulhouse.

Dans le Système Patrimonial Mulhousien, le patrimoine immatériel prend en compte cette instabilité et cette impermanence.

Les récits sur le passé mulhousien, qu’ils soient mythes et légendes ou études scientifiques, donnent à connaître l’histoire politique particulière de la ville : Cité-État indépendante jusqu’en 1798, alliée depuis 1515 aux cantons suisses, ville réputée la plus francophile d’Alsace pendant le Reichsland (1870-1918), Mulhouse a développé un récit particulier de son histoire politique. Son récit des origines, ses « grands hommes », ses événements de référence lui sont propres, tout en s’inscrivant dans les grandes scansions historiques.

Mulhouse porte loin sa diversité religieuse et culturelle : ville aux 130 nationalités et au millier d’associations, elle accueille des traditions multiples et diverses, parfois métissées, qui reflètent la vitalité des cultures d’origine des Mulhousiens. Si elle s’inscrit dans le contexte culturel alsacien, les vicissitudes de l’histoire, sa position frontalière (France, Allemagne et Suisse) et sa « pâte humaine » originale, l’ont amenée à développer une personnalité alsacienne propre (dialectale en particulier). Cité-État ayant fait le choix du protestantisme depuis 1523, elle a accueilli en ses murs des migrants de toutes confessions et de toutes nationalités.

Ville de l’épopée industrielle depuis 1746, elle a été et reste une ville-monde, en attirant les travailleurs et leurs familles et en étant connectée à toutes les influences proches et lointaines (Europe de l’Est, Maghreb, Afrique, Asie).

La structure sociale de Mulhouse, héritée de l’industrialisation, est ainsi marquée par l’écart des fortunes entre les couches populaires, sans cesse renouvelées par les flux migratoires, et les couches supérieures de l’industrie, du commerce et de la finance.

Elle se reflète dans le cadre de vie qu’offre la ville comme dans la vie culturelle associant traditions populaires vivantes, au sein de nombreuses associations (orchestrales, chorales, théâtrales, sportives, etc.) et établissements d’envergure internationale (musées, scène nationale de la Filature, Orchestre symphonique de Mulhouse, Opéra du Rhin, etc.)